En 2015, environ un quart des jeunes de la Génération 2010 se déclarent inquiets pour leur avenir professionnel. Le sentiment d'insécurité professionnelle évolue en écho des variations de la conjoncture économique et dépend de la situation de l'individu sur le marché du travail. Pour autant, les jeunes en emploi stable ne sont pas épargnés par une inquiétude que l'ancienneté dans l'entreprise ne diminue pas, au contraire.
Impact de la conjoncture, situation sur le marché du travail, facteurs biographiques, cette nouvelle étude du Céreq démêle les origines et les motifs de l'inquiétude des jeunes.
Plusieurs facteurs influencent le niveau d'inquiétude des jeunes. Sans surprise, leur situation sur le marché du travail a un impact notable. Les jeunes au chômage sont les plus nombreux à être inquiets, devant les jeunes précaires puis les jeunes en emploi stable, avec un écart plus important entre les stables et précaires (entre 14 et 19 points selon les dates d'interrogation). Certaines caractéristiques individuelles, ensuite, rendent les jeunes plus ou moins vulnérables à l'inquiétude (souffrir d'un handicap, avoir vécu une discrimination à l'embauche ou encore vivre seul).
L'impact de la conjoncture économique est contrasté d'une Génération à l'autre. Entrés sur le marché du travail dans une conjoncture favorable, les jeunes de la Génération 1998 sont relativement peu nombreux à se dire inquiets au départ de leur carrière. Mais l'inquiétude croit à mesure que l'environnement économique se dégrade. Même en fin de période, alors que le chômage diminue de deux points, le taux d'inquiets au sein de cette Génération progresse encore fortement. A l'inverse, chez les jeunes de la Génération 2010, le taux d'inquiets diminue alors que le contexte économique qui ne s'améliore pas. Ce qui amène les auteurs à formuler l'hypothèse d'une intériorisation, chez certains, de la situation durablement dégradée du marché du travail.
Autre résultat moins attendu, l'effet du diplôme. Au-delà de 5 ans de vie active, les garanties qu'il offre ne jouent plus qu'un rôle marginal dans la confiance des jeunes face à l'avenir. L'étude pointe également que le sentiment d'inquiétude augmente avec l'ancienneté dans l'entreprise. Les motifs d'inquiétude exprimés par les jeunes expliquent ce résultat. Ainsi, la crainte de ne pas retrouver les mêmes conditions de travail et de salaire en cas de perte d'emploi (56%), le manque de perspective professionnelle (51 %) sont des motifs fréquemment cités. L'inquiétude s'exprime donc face à un horizon qui peut apparaître bouché, entre peur du déclassement et crainte de ne pas accéder à l'emploi souhaité.
Le sentiment d'insécurité professionnelle génère toute une série d'effets délétères, tant d'un point de vue personnel que sur les comportements au travail. Son origine est multiple et les leviers d'intervention pour contrer ce sentiment doivent être pluriels. Ils passent principalement par une amélioration de l'employabilité et de la professionnalité des salariés, ainsi que par des mesures d'égalité professionnelle et de lutte contre les discriminations.
Le Céreq interroge régulièrement un ensemble de jeunes sortis la même année du système scolaire, à tous les niveaux de formation pour connaître leurs premières années de vie active. Les résultats présentés dans ce Céreq Bref sont issus de l'interrogation à plusieurs reprises de deux Générations, l'une entrée sur le marché du travail en 1998, l'autre en 2010. Pour en savoir plus sur les enquêtes Génération du Céreq et leurs résultats cliquez.
A consulter :
D'une Génération à l'autre : l'inquiétude des jeunes en question, Catherine Béduwé et Arnaud Dupray, Céreq Bref n°361, 2018