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Les émotions dans le recrutement ... Le guide du recruteur par AssessFirst


Transposées au domaine du recrutement, on peut facilement imaginer que nos émotions jouent sur la probabilité qu’une personne soit retenue ou non pour un poste donné. Bien évidemment, le fait que le recruteur ou la recruteuse ait passé un “bon moment” ou un “mauvais moment” avec le.la candidat.e n’a souvent pas grand-chose à voir avec la compétence de cette personne… (on connaît tou.te.s des gars et des filles super sympa que l’on ne recruterait pour rien au monde !) mais il est juste “humain” d’avoir envie de favoriser une personne pour laquelle on éprouve des émotions positives.

Si j’ai en face de moi une personne que je considère comme étant “une ordure de la pire espèce”, mais qu’elle ferait pourtant un.e excellent.e candidat.e pour un poste en particulier, pousser sa candidature va me coûter “psychiquement” beaucoup plus que si j’ai en face de moi une personne que j’apprécie énormément, que j'évalue subjectivement comme étant une "bonne personne".

En tant que recruteur.euse, nous sommes tou.te.s amené.e.s à pouvoir être manipulé.e.s par nos émotions. Ceci d’autant plus que la façon dont un.e candidat.e va se comporter en entretien – et par conséquent entrer ou non en résonance émotionnelle avec nous – peut être influencée par de nombreux paramètres. Là aussi, il est à noter que les émotions sont typiquement humaines.

Une Intelligence Artificielle ne ressent aucune émotion

On peut bien évidemment lui apprendre à “mimer des émotions », à dire “certaines choses”, y compris en adoptant telle ou telle tonalité spécifique (lui coller des tremolos dans la voix par exemple). On pourrait même imaginer apprendre à un robot à rire aux éclats ou à pleurer (en lui ajoutant un petit réservoir d’eau salée à proximité de ses yeux globuleux qui simulerait les larmes) … Mais cela n’aurait rien à voir avec le fait de ”ressentir” des émotions. Et encore moins du coup par le fait d’être “influencé” par ces émotions dans le cadre de la prise de décision !

Le robot se comporterait juste comme un petit singe savant… sans rien ressentir véritablement. Du coup, aucune chance qu’il soit influencé par lesdites émotions.

 Le cas spécifique de l’empathie…
 

Un reproche que l’on peut faire aux systèmes d’Intelligence Artificielle – et qui fait dire à certain.e.s : “ça ne remplacera JAMAIS la rencontre physique” –  c’est qu’ils n’ont pas “d’empathie”.

L’empathie, dans le langage commun, cela renvoie à se mettre à la place de l’autre. Revenons sur pourquoi cette “capacité à se mettre à la place de l’autre” est si importante… ou en tous cas “perçue comme telle” par de nombreux.ses recruteur.euse.s !

Si j’ai de l’empathie, c’est que je suis concerné.e un minimum par l’autre et son bien-être à la fois physique et psychique. Par conséquent, si je suis emphatique, je suis généralement considéré.e par la société comme “quelqu’un de bien”.

Si un système “sans empathie” exécute certaines tâches “à ma place” cela implique 2 choses :

  •     Premièrement ce système automatisé ne va pas se mettre à la place de l’autre (de mon.ma candidat.e), du coup il risque de ne pas toujours agir dans le meilleur intérêt ce cette personne.
  •     Secondo, il va m’enlever cette opportunité que j’avais d’avoir une bonne image de moi lorsque je me mettais à la place de mes candidat.e.s…. Lorsque j’exerçais cette “empathie” justement !

En effet, quand je me mets à la place de l’autre, quand je donne une opportunité ou que j’offre un bon conseil, cela me conforte dans l’image que je me fais de moi comme étant “quelqu’un de bien”, “d’attentionné” et de “relationné.e”. Toutes des choses qui sont vues comme étant positives dans notre société. Dans ces moments, je suis – ou du moins j’ai l’impression d’être – en connexion avec ce qu’il y a de plus authentiquement humain en l’autre et en moi-même.

Mais est-ce toujours une bonne chose de se “mettre à la place de l’autre”… et en particulier lorsque l’on doit recruter ?

Le côté positif de l’empathie et de son exercice, c’est en effet que l’on va faire “attention à l’autre”, on va respecter l’individu dans son humanité, en faisant en sorte de ne pas faire quoi que ce soit qui pourrait lui nuire.

Le limite en revanche de cette empathie, c’est celle de la propre subjectivité de la personne qui l’exerce ! En effet, on n’est jamais emphatique “en soi”. On ne peut être emphatique qu’à partir de nous-mêmes, c’est à dire avec toutes nos représentations, nos stéréotypes et nos biais.

Il y a principalement 2 types de situations dans lesquelles un recruteur peut activer son empathie :

  •     D’une part lorsqu’il se met à la place du candidat et qu’il essaie de se projeter dans le job dont il connaît – ou pense connaître – parfaitement les contours.
  •     D’autre part lorsqu’il choisit de favoriser une personne plutôt que d’autres car il/elle saisit la détresse de cette dernière…

L’empathie pour évaluer la capacité du candidat à faire le job.
 

Cette forme d’empathie, c’est sans doute celle qui est la plus activée par les recruteurs.

Le recruteur a un candidat en face de lui qui a certaines infos sur le poste, mais pas autant que lui. il pose des questions au candidat, creuse, relance le candidat lorsqu’il répond… tout ça pour au final finir par se faire une “représentation” de ce candidat.

Ensuite, à partir de là, le recruteur va activer sa représentation du job, de l’équipe en place et de la culture de la boite pour estimer si OUI ou NON le candidat ferait l’affaire. Son empathie va également lui servir à se projeter “en se mettant à la place du candidat” dans le job.

Le cheminement, c’est un peu “Bon en me mettant à sa place, vu ce que je sais de lui et du job, est-ce qu’il serait bien dans ce nouveau poste ? … OK, au final je vais le laisser décider, mais je vais quand même me poser la question !”

Intention louable… Sauf que la représentation du candidat que le recruteur s’est faite est loin d’être juste la réalité de “qui est le candidat”. Elle est plutôt “un peu de ça” avec le résultat du phénomène de catégorisation, des stéréotypes activés et de pas mal de biais cognitifs.

Voici pourquoi l’empathie, même si elle part d’une bonne intention, conduit souvent à distordre la réalité plutôt qu’à la prendre en considération telle qu’elle est véritablement. Celle-ci est sans doute la plus noble du point de vue de l’intention initiale… mais sans doute la plus problématique d’un point de vue purement “éthique”.
L’I.A. n’est pas conçue pour être emphatique.

En réalité, il est juste absurde de reprocher à une I.A. son manque d’empathie. Ceci pour la simple et bonne raison que :

  •     D’une part, elle n’a jamais été conçue avec cet objectif en tête.
  •     D’autre part, nous voyons bien que l’exercice de l’empathie n’est pas forcément synonyme d’efficience que ce soit du point de vue de l’intérêt de l’entreprise qui recrute (elle ne va pas forcément se retrouver avec le.la meilleur.e candidat.e possible) mais aussi des intérêts de chacun.e des candidat.e.s (êtres humains) en lice.

 

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